You are currently viewing Thierry Jaud

Thierry Jaud

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:regards

C’est de manière un peu imprévue, à la terrasse d’un café, que nous allons nous entretenir avec l’artiste Thierry Jaud. Celui-ci ne nous était pas totalement inconnu car il tient, avec Luc Lanier, la Petite Galerie, rue des deux Porches, au centre-ville de Brive-la-Gaillarde, et ce, depuis 2018. Ce petit espace assure, pour lui, la fonction de galerie puisque, pour travailler, le sculpteur peintre a besoin en effet de plus d’espace. Son atelier, quant à lui, se situe à Malemort au 2, rue des roses, pour être précis, il lui permet, également, de proposer des cours de peinture à des particuliers de tout âge.

L’artiste, né en 1962 à Royan, a toujours travaillé dans l’image, nous confie-t-il. Après avoir suivi un enseignement à l’école régionale des beaux-arts à Angoulême, il travailla durant 10 ans en tant que photographe de laboratoire dans le milieu de la publicité : prises de vue, développement et tirage. La peinture, quant à elle, a toujours été présente. Thierry s’installa en 1993 dans la région et décida de s’adonner essentiellement à la peinture. Il exposera un peu partout : Royan, La Rochelle, Paris, en Dordogne et dans le Lot. En 1997, il trouva l’atelier qu’il occupe toujours aujourd’hui et dans lequel la totalité de ses oeuvres sont créées.

Quant à son activité de sculpteur, Thierry nous avoue qu’il aime associer ses peintures à des objets. Il se souvient avoir exposé une série de peintures qui répondaient à des bornes kilométriques afin de situer les dites toiles, figurant des paysages, dans un espace géographique déterminé.

« l’association entre la peinture et des objets a toujours été naturelle dans mon esprit, nous dit-il. »

Même s’il travaille toute les matières comme le bois, le plâtre, la résine, le travail de l’ardoise mérite une petite explication.

« J’ai découvert le site avec ces sortes de canyons, ces pans immenses d’ardoises à l’occasion d’une exposition de peintures au 1998. Ce fut ensuite une longue période de réflexion avant de commencer à travailler cette matière. Désormais, cela fait une dizaine d’année que je travaille cette pierre, j’ai gardé l’idée première d’un matériau de construction que j’associe avec du mortier coloré dans la masse. les formes sont simples, cubes, parallélépipèdes ou « totems » .

Pour ce qu’il en est de son rapport à l’art, on pourrait dire, sans trop le trahir, que l’artiste est un vrai boulimique. « j’ai dû peindre peut-être 1500 toiles. Je travaille par série de 10 à 25 tableaux sous une même thématique. Je commence à peindre l’ensemble des toiles en même temps et l’une après l’autre elles prennent vie en se répondant. En somme, je vais jusqu’au bout de l’idée et, après, je démarre une nouvelle idée, un nouvel univers, une nouvelle série ».

Etant donné son profil à vouloir explorer de nouvelles choses et à dépasser, pour ainsi dire, ses limites, Thierry a presque tout essayé : l’acrylique, l’huile, le collage, les encres ou les pigments, et ce, sur de nombreux supports. Actuellement le peintre aime travailler les glacis, à savoir des fines couches de peinture. Quant à son style, il nous répond, en toute honnêteté, qu’il ne pourrait le définir. Cependant, complète-t-il, les gens reconnaissent souvent mes peintures. 

Au sujet de ses acheteurs, c’est très varié, avoue-t-il, car cela comprend toutes les classes sociales et tous les âges. L’ achat peut-être soit mûrement réfléchi ou soit un pur coup de coeur. Vis-à-vis du rapport entre l’art et le public, il tient à nous préciser que, pour lui, en France, il y a une sorte de retenue, le visiteur semble comme intimidé devant les oeuvres. Il entend souvent dire : « je n’y connais rien !… » Pour un large public l’art s’arrête aux impressionnistes. « L’éducation artistique en France n’est pas assez développée, confesse-t-il. De plus, la culture de masse n’éduque en rien. Rendez-vous compte: on a calculé que les visiteurs du Louvre passent en moyenne 3 à 13 secondes par tableau ! Il y a trop de choses à voir. On reste dans la surface des choses. » Ce à quoi, nous ajoutons, que nous sommes probablement en présence d’un véritable tourisme culturel voire de disneylandisation. 

« Ma véritable satisfaction avec un acheteur, c’est le simple fait qu’il prenne du plaisir quotidiennement à vivre avec son oeuvre. L’ art, c’est avant tout partager des émotions ! »

Sur ces derniers mots, nous remercions chaleureusement Thierry pour nous avoir ouvert les portes de sa galerie mais aussi pour nous avoir dévoilé un peu de son art et de son histoire. 

Sortie à Brive recommande vivement de passer à la rue des deux porches pour pouvoir découvrir les oeuvres de cet artiste. Nous nous promettons prochainement d’aller voir son atelier où il enseigne également.